Avis de non-expert sur les avantages de l’IA à l’école

Pendant que les uns développent une confiance presque aveugle dans les outils d’IA tout en évaluant les acquis, d’autres sont dans une panique presque insurmontable. La panique vient généralement de notre compréhension vague de la nouveauté ou de notre difficulté à accepter l’émergence de nouveaux outils technologiques dans notre environnementimmédiat, changeant le plus souvent la nature de nos savoirs à travers l’intégration de nouvelles pratiques. Dans ce cas de figure, les humains ont tendance à suivre une dynamique réactive, sans volonté nette et claire d’accompagner la transformation systématique.

En tant qu’enseignant, je suis quand même étonné par le fait que l’on se rend pas compte de l’environnement transformationnel dans lequel on n’évolue. Dans le secteur de l’éducation, les choses semblent en effet stagner comme pour signaler une absence de réflexion stratégique autour de la question ou un manque de vision pédagogique structurée.

Une distinction au niveau des approches

Cela me fait penser également à deux visions de l’apprentissage totalement différentes. Une vision bureaucratique, quantitative et linéaire, issue du 20 éme siècle, qui considère le processus d’apprentissage à partir des outils éducatifs de mesure. Cela signifie que l’apprentissage est quantifiable, mesurable. Autrement dit, les performances desélèves ne sont viables et convaincantes qu’à partir du moment l’évaluation se réalise sur la base des tests standardisés, de scores, de notes, alors que les percées cognitives sont souvent discontinues, complexes ; et une vision discrète, qualitative et transformative de l’apprentissage humain, qui ramènel’individu au cœur de l’apprentissage, le rendant autonome et responsable du point de vue éthique, tout en signalant ses sauts de compréhension, ses percées cognitives ainsi que ses capacités de réflexion profonde et critique en synergie avec la machine.

Cette deuxième approche me semble être par ailleurs la meilleure en ce sens qu’elle accorde à l’élève des opportunités de croissance en modifiant la valeur éducative par le changement de paradigme. Je m’inspire de la pensée du philosophe Luciano Floridi, selon laquelle nous sommes entrés dans une ère dite hyperhistorique. Ce n’est plus seulement l’usage ponctuel des technologies (outils), mais leur intégration profonde dans les conditions d’existence humaine. Autrement dit : l’accès à l’information, la capacité à interagir avec le numérique, et la maîtrise de l’infosphère sont devenus des prérequis au développement personnel et collectif.

Cela présuppose en quelque sorte que l’apprentissage se fait selon un processus actif d’exploration des capacités cognitives de l’élève, sur la base notamment d’une pédagogie différenciée et d’un accompagnement personnalisé, etc. Les élèves seront véritablement en mesure de développer des compétences en littératie de l’IA, d’avoir des compétences en pensée critique, c’est-à-dire qu’ils sont capables d’avoir des capacités de raisonnement critique– évaluer, contester, justifierun raisonnement à partir des résultats. La liste est loin d’être exhaustive.

Une panique non justifiée

Ainsi, il faut admettre que les outils d’IA ne remplaceront pas leur capacité de jugement mais vont plutôt renforcer leur jugement personnel. En développant des cadres de compétences IA, les élèves tout comme les enseignants vont pouvoir être en mesure de relier, de questionner, d’évaluer et de synthétiser des résultats de connaissance en interagissant avec les outils d’IA. « Inutile de dire que ChatGPT n’est pas intelligent. Il n’a pas d’esprit, pas d’âme, pas d’intention. Il s’agit d’un moteur statistique de complétion de motifs entraîné pour faire écho aux formes de la parole humaine. Néanmoins, le chatbot est un puissant outil d’intelligence simulée, et c’est là que réside son enchantement – et la source de confusion. ChatGPT n’est pas sur un continuum avec nous. Ses opérations n’ont rien à voir avec nos opérations mentales. Il est vraiment doué pour la récupération et la reconnaissance de motifs (ce qui ressemble beaucoup à ce que nous faisons) mais ne sera jamais capable de porter un jugement. Et elle sera toujours subordonnée au jugement humain, à moins que nous n’abdiquions. », soutient le professeur de théologie, Thomas Harmon.

En dehors des idées préconçues sur l’IA et de la panique parfois non justifiée que l’on constate dans les écoles, nous pouvons admettre qu’elle n’est pas forcément une menace pour l’école. Vous vous souvenez de l’époque où les calculatrices étaient censées détruire la pensée mathématique ? Quand Google éliminerait-il le besoin de mémoire ? Quand Wikipédia mettrait-il fin aux compétences de recherche critiques ? Tous ont déclenché des paniques similaires. Tous ont finalement transformé l’apprentissage plutôt que de le détruire.

Un soutien à l’enseignant

L’IA transforme clairement l’éducation à l’échelle mondiale, en instaurant une nouvelle philosophie de l’apprentissage, en changeant les rôles des enseignants, en donnant la possibilité aux enseignants formés d’intégrer des outils d’IA dans le système d’apprentissage, qui rendent les choses faciles avec un gain de productivité énorme. Les enseignants peuvent du coup préparer les cours, automatiser certaines tâchespédagogiques et même générer, grâce à ces outils, des évaluations personnalisées. Les enseignants formés seront ceux qui vont accompagner les élèves dans l’utilisation d’outils d’IA (compétences en litratie de l’IA, compréhension des outils d’IA, maitrise des assistants rédactionnels).

Pour ce faire, les enseignants ont juste besoin d’être formés en IA par des tuteurs numériques par exemple, comme on le constate bien évidemment en Corée du Sud et en Asie du Sud- Est. L’expert attitré Terry UnderWood ne dit autre chose que « Chaque jour d’interdiction de l’IA sacrifie des opportunités d’apprentissage irremplaçables. »

L’exemple de la Corée du Sud

Les investissements de la Corée du Sud dans les infrastructures comprennent la mise à disposition d’un appareil par chaque élève d’ici 2025, la mise à niveau du Wi-Fi et des serveurs de l’école pour gérer les applications d’IA gourmandes en données et le déploiement de personnel d’assistance informatique dédié dans chaque district. Pendant ce temps, leur ministère de l’Éducation ne suit pas la dernière tendance en matière d’IA ; il renforce la capacité systématique des enseignants à s’engager avec l’IA dans le cadre d’une vision pédagogique cohérente soutenue par un engagement financier soutenu. La Corée du Sud a méthodiquement jeté les bases d’une éducation améliorée par l’IA avec un engagement financier sans précédent. Le gouvernement a alloué 69,3 millions de dollars d’ici 2026 uniquement à l’infrastructure des salles de classe numériques, ainsi que 43,2 millions de dollars supplémentaires pour établir des systèmes de surveillance des manuels scolaires par IA dans 6 000 écoles et former 1 200 tuteurs numériques. Les Sud-coréens suivent une tendance systématique et non réactive. Malgré tout, les systèmes d’intelligence artificielle ont des atouts et des limites. Perplexity Pro est un excellent outil d’IA pour des recherches rapides et précises, mais il peine à gérer les conversations approfondies ou à mémoriser vos besoins. ChatGPT Plus excelle dans les tâches créatives et les dialogues complexes, mais manque de fonctionnalités collaboratives. Tanka AI comble ce manque en combinant mémorisation, analyses de recherche et collaboration d’équipe.

Il s’agit de savoir comment faire en sorte que les élèves accèdent à des connaissances pratiques sans que l’on réduise leur jugement personnel à des hallucinations mais en le renforçant par la formation à la maitrise des outils d’IA.

El Hadji Thiam enseigne la méthodologie du français. Ses principaux centres d’intérêt sont l’IA, l’écologie, la sciencecomputationnelle et la spiritualité. Vous pouvez le joindre à elhadjithiam85@gmail.com

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